Les Mordus de la Pomme

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Formation du cordon oblique

samedi 11 février 2012

Formation du cordon oblique

Le cordon oblique est pour le poirier une forme fruitière peu utilisée mais c’est la seule que j’emploie avec une palmette oblique. Cette forme me permet d’avoir de nombreuses variétés en espalier. C’est intéressant pour les collectionneurs et les gourmets.

  • Définition

Le cordon oblique est formé d’un scion de (poirier) incliné suivant un angle de 45°. Cet angle permet une bonne répartition de la sève sur toute la longueur du cordon. La dominance apicale du bourgeon terminal est affaiblie.

Si la variété est peu vigoureuse, redonnez-lui de la vigueur en augmentant l’angle jusqu’à 60°. Au contraire, pour une variété très vigoureuse, diminuez l’angle (30°). Pour des espaliers, il es préférable de mettre le même angle pour tous les pieds , sinon ils se croiseront et se gêneront. Et de plus, ce ne sera pas beau.

  • Armature

Posez trois fils de fer galvanisé n° 14 ou 16 le long du mur. Le premier fil, en bas, est à 30 cm du sol et les deux autres à 75 cm les uns des autres. Vous attachez sur ces fils de fer des lattes, bambous, liteaux... inclinés à 45°. Chez moi, je n’ai posé que deux fil de fer et il n’y a pas de problème. Le premier est à 30-40 cm du sol, le deuxième à 1,50 m du premier fil. Les lattes sont attachées tous les 50 cm les unes des autres sur les fils. Donc, l’emplacement perpendiculaire entre les lattes est de 30 cm : espace optimum pour obtenir le maximum de fruits sur le minimum d’espace. Toutes les variétés ne sont pas faciles à maintenir dans un espace aussi restreint. J’ai attaché les lattes de 65 à 70 cm les unes des autres pour avoir plus de liberté lors de la taille. A chaque baguette correspondra un pied de poirier.

  • Formation

Les scions sont plantés tous les 50 cm et ligaturés sur le premier fil.

Planté en novembre 2007, vous pouvez le tailler en mars 2008 au niveau du premier fil sur un œil situé du côté de la baguette. Éborgnez tous les autres yeux situés en dessous afin que la sève se concentre sur cet œil et pour obtenir une belle pousse. L’éborgnage est la suppression de l’œil. Ici, il est total : vous supprimez l’œil principal et les deux petits yeux axillaires ou stipulaires. Pendant la saison, veillez à ce qu’il n’y ait pas un œil axillaire à redémarrer. Dans de cas, vous le
supprimez sur empattement. C’est ce qu’on appelle l’ébourgeonnement. Si vous plantez en mars 2008, attendez un an pour qu’il soit correctement repris. Taillez-le en mars 2009.

En juin-juillet 2008, palissez le bourgeon (la pousse herbacée) sur la baguette ou latte et recommencez en août-septembre. Si votre variété est peu vigoureuse, qu’elle pousse peu, laissez le prolongement vertical pour qu’il se renforce. Vous le palisserez à l’automne ou en hiver.

En mars 2009, vous formerez l’unique charpentière en taillant le prolongement à 30 ou 40 cm suivant sa vigueur. Vous supprimerez les 2/3 de la pousse de l’année.

Rien ne sert d’aller trop vite. Dans la conduite des arbres fruitiers, il faut "se hâter lentement". Il faut que tous les yeux reçoivent la même quantité de sève et se développent régulièrement. Si vous laissez un prolongement trop long, seuls les yeux de l’extrémité vont démarrer, ceux de la base restent endormis. Vous aurez une portion de charpentière qui ne portera jamais de fruits : un manque de production.

Le prolongement sera taillé sur un œil situé en dessous, toujours pour que l’appel de sève soit modéré dans la partie terminale et que tous les yeux reçoivent assez de sève pour former des coursonnes.

Les années suivantes, en juillet et septembre, vous palissez le prolongement sur la latte et en mars vous taillerez ce prolongement à 30 cm sur un œil situé en dessous. Les yeux le long de la charpentière se seront développés. Ils auront donné une pousse : brindille, dard, rameau … Vous les taillerez suivant la taille trigemme, à trois yeux, pour former des coursonnes.

Sur le dessin en mars 2010, les deux yeux du dessus ont produit deux brindilles. Elles seront taillées à trois yeux. L’œil du dessous a reçu moins de sève et a donné un dard. Ne le taillez pas : l’année prochaine il devrait se transformer en bouton à fleurs.

Scion courbé :
Pour ma part, pour gagner une année, je taille le scion suivant sa vigueur à 50 ou 60 cm et je le palisse sur la baguette. Tous les yeux
situés en dessous du premier fil sont éborgnés. La courbure du scion
n’est pas impeccable, surtout si le scion est fort et le bois dur. Un autre
inconvénient : les yeux du dessus, au niveau de la courbure, ont tendance à se développer beaucoup plus, à accaparer la sève. Il faut, en juin-juillet, les supprimer sur empattement, c’est à dire que vous taillez le rameau sur sa base, sur la partie élargie, afin de supprimer en
même temps les yeux axillaires.

Notes

 Le dernier dessin représente ce que j’ai fait chez moi : le scion a été taillé et courbé en mars 2008. Le coursonnage s’est effectué
pendant la saison 2008. Je gagne une année. Mais souvent sur le dos de la courbure se développent des pousses qui accaparent la sève. Ces pousses sont à supprimer sur empattement le plus tôt possible.

 Pour plus de facilité dans l’entretien des palmettes, surtout lorsqu’il y a du liseron, j’ai supprimé, chez moi, le fil du bas. J’ai planté au niveau du scion un piquet en bois de 60 cm de longueur en laissant dépasser 35 cm hors sol. La latte est attachée sur les 5 premiers centimètres avec un fil de fer ou de l’osier. Le scion est palissé verticalement sur le piquet puis courbé et palissé sur la latte. Il est taillé à 30 cm de la courbure et les yeux situés en dessous de la courbure sont éborgnés.

JFA Bulletin des Mordus n°77